Histoire de la légalisation du Cannabis en Suisse

Comment le CBD a-t-il été légalisé en Suisse ?

Histoire d’une régulation raisonnée, d’une plante controversée… devenue produit de confiance.

Le CBD, ou cannabidiol, a opéré une percée spectaculaire dans les rayons, les boutiques, les discussions de santé naturelle… mais peu de gens savent vraiment comment ce composé extrait du chanvre est devenu légal en Suisse. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne s’agit ni d’un coup d’éclat législatif, ni d’un changement de cap idéologique.
Non, la légalité du CBD en Suisse est le fruit d’une approche typiquement helvétique : pragmatique, rationnelle, structurée. Une avancée fondée sur la distinction claire entre ce qui soigne et ce qui enivre, entre ce qui est interdit… et ce qui, bien que venu du chanvre, peut être parfaitement légal.

 

La santé, c’est le plus grand des biens. François Joachim de Pierre de Bernis

 


Tout commence par une précision moléculaire

Le cannabis est une plante millénaire. Mais c’est au 20e siècle qu’elle devient un tabou, associée à la drogue, au danger, à l’addiction. Pourtant, cette diabolisation ignore un fait essentiel : le cannabis n’est pas une seule molécule, mais une plante complexe qui en contient plus d’une centaine.
Parmi elles, deux principales : le THC (tétrahydrocannabinol), responsable des effets psychoactifs, et le CBD (cannabidiol), aux effets calmants et sans pouvoir enivrant. Le premier modifie l’état de conscience, peut induire une dépendance et reste interdit au-delà d’un certain seuil. Le second, au contraire, apaise, détend, mais ne fait pas “planer”.

La législation suisse a parfaitement intégré cette nuance. Et c’est précisément là que se joue la première étape vers la reconnaissance du CBD : identifier, scientifiquement, ce qui constitue une drogue… et ce qui n’en est pas une.


Une loi, un seuil, une opportunité

La Suisse, contrairement à ses voisins, adopte un seuil de 1 % de THC pour distinguer le cannabis légal du cannabis illégal. C’est plus élevé que dans l’Union européenne, où la limite se situe souvent entre 0,2 % et 0,3 %. Cette différence technique mais décisive permet au chanvre à haute teneur en CBD (mais à faible THC) de ne pas tomber sous le coup de la Loi sur les stupéfiants (LStup).
Cela signifie qu’un produit à base de chanvre dont la concentration en THC reste inférieure ou égale à 1 % n’est pas considéré comme une drogue, mais comme un produit légal — à condition, bien sûr, qu’il respecte les autres législations suisses selon son usage (alimentaire, cosmétique, médical…).

C’est cette faille juridique apparente mais parfaitement cohérente qui, à partir de 2016, est exploitée par les premiers acteurs suisses du CBD. Et ce qui pouvait sembler marginal devient vite un tournant de marché.


2016 – 2017 : le basculement vers un marché légal

En 2016, des cultivateurs suisses expérimentent des variétés de chanvre sélectionnées pour leur richesse en CBD et leur faible teneur en THC. Les fleurs récoltées sont transformées en substituts de tabac, en huiles, en résines, en infusions. Les produits commencent à arriver dans les premiers shops spécialisés, puis sur Internet.

Devant ce phénomène grandissant, les autorités fédérales prennent position. En 2017, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) publient une interprétation juridique claire : le cannabis dont le taux de THC est inférieur ou égal à 1 % n’est pas un stupéfiant et peut donc être cultivé, transformé et vendu librement, sous réserve de respecter les lois propres à chaque type de produit (loi sur les denrées alimentaires, loi sur les cosmétiques, loi sur les médicaments, etc.).

C’est cette reconnaissance formelle, sans vote parlementaire ni réforme spectaculaire, qui assoit définitivement le cadre légal du CBD en Suisse.


Une régulation selon l’usage, pas selon la molécule

À partir de là, la légalité du CBD en Suisse repose sur le principe d’usage final. En d’autres termes, ce n’est pas la molécule elle-même qui détermine la réglementation applicable, mais la manière dont le produit est présenté et utilisé.

Ainsi :

  • Une fleur de CBD vendue comme tabac à fumer doit être enregistrée comme tel, taxée et conditionnée selon les normes du tabac.
  • Une huile de CBD vendue comme complément alimentaire doit se conformer à la législation sur les denrées alimentaires (notamment en matière d’étiquetage, de composition et de non-promesse thérapeutique).
  • Un cosmétique au CBD doit respecter les règles d’innocuité cutanée et d’usage externe.
  • Si un produit est présenté comme un médicament, il doit obtenir une autorisation de mise sur le marché auprès de Swissmedic — un processus long, coûteux, mais encadré.

C’est une logique de responsabilisation, où chaque fabricant et distributeur doit définir l’usage de son produit et s’y tenir. Ce système évite la dérive, favorise la transparence, et protège le consommateur sans interdire.


Un écosystème suisse en plein essor

Grâce à cette réglementation claire, la Suisse devient en quelques années un acteur majeur du CBD en Europe. Des centaines d’agriculteurs se reconvertissent dans la culture du chanvre légal. Des laboratoires helvétiques spécialisés dans les analyses cannabinoïdes voient le jour. Des marques locales émergent, valorisant des procédés artisanaux, biologiques ou technologiques de haute précision.

Le CBD n’est plus un produit “à la marge”. Il entre dans les habitudes de consommation : pour soulager le stress, favoriser le sommeil, accompagner une récupération sportive ou simplement retrouver un certain équilibre naturel. Et surtout, il est acheté avec confiance. Parce que le cadre légal est connu, maîtrisé, vérifié.


Une légalisation sans scandale, sans excès, sans retour en arrière

Ce qui frappe dans l’histoire du CBD en Suisse, c’est l’absence de crise ou de controverse. La transition s’est faite en douceur, dans le respect de la loi, des consommateurs, et des autorités. Pas de légalisation fracassante. Pas de guerre d’opinion. Simplement une lecture rigoureuse et intelligente du droit existant, appuyée par des faits scientifiques solides.

Le résultat : un marché légal, stable, exportable, et respecté.


A se rappeler : le modèle suisse, entre rigueur et ouverture

Le CBD n’a pas été « autorisé » du jour au lendemain. Il a été légitimé progressivement, par la logique, la preuve et le pragmatisme. Et c’est cette méthode suisse, à la fois prudente et visionnaire, qui en fait aujourd’hui une référence.

Choisir un CBD suisse, c’est choisir un produit issu d’un pays qui ne joue pas avec la légalité, mais qui l’applique avec cohérence. Un pays où l’innovation et la tradition ne s’opposent pas, mais se renforcent. Où l’on peut profiter des bienfaits du chanvre en toute confiance… et sans compromis.

 

 

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